Artiste associé.e & compagnonnage

ARTISTE ASSOCIE.E

Être artiste associé.e au Le Palc – PNC Châlons-en-Champagne Grand Est, c’est être accompagné.e durant trois saisons dans tous ses projets.
Cet accompagnement se traduit par la mise à disposition d’espaces et de moyens pour travailler, l’apport de l’expertise de l’ensemble de l’équipe dans sa démarche et sa recherche artistique. Être artiste associé.e, c’est aussi être impliqué.e dans la vie et les projets du Palc.
Marie Molliens, directrice de la compagnie Rasposo est actuellement artiste associée et ce jusqu’à la fin 2021.

  Marie Molliens Compagnie Rasposo - 2018-2021

Marie Molliens - Cie Rasposo - Oraison © Alain Julien

La Compagnie Rasposo s’inscrit depuis plus de 30 ans dans le paysage du cirque contemporain. Elle questionne les liens tissés entre le cirque et le théâtre, mais interroge également les codes circassiens originels à travers un regard actuel, théâtral et émotionnel. En 2013, Marie Molliens reprend la direction artistique de la compagnie familiale et créé Morsure, spectacle charnière de cette transition. Elle poursuit son travail sur l’image et la place de la femme de cirque dans La DévORée (2016). En 2018, Rasposo devient compagnie associée au Palc et crée en 2019 Oraison.

rasposo.com

  Interview 2020

Quel bilan faites-vous de ces 3 années en tant qu’artiste et compagnie associées au Palc ?
En étant associés au Palc, nous avons pu parfaire la trilogie des Or, avec la dernière création Oraison en 2019, après Morsure et La DévORée. De plus, ce compagnonnage permet aussi d’enclencher le processus de création, malgré les années troubles que nous traversons, vers un nouveau projet de spectacle de grande ampleur.
À ce jour, les deux premières saisons de compagnonnage ont permis de donner une visibilité à la compagnie Rasposo sur ce territoire très imprégné par les marqueurs de l’école nationale. C’est donc, la possibilité de tendre aux spectateurs une autre vision du cirque, une autre manière de le penser, de le faire, et de le vivre intérieurement.

Quel regard portez-vous sur le cirque aujourd’hui ?
Le public qui sait déchiffrer les lectures en filigrane dans les spectacles connaît mon point de vue, relativement rugueux, que je porte sur le cirque d’aujourd’hui. La pensée politique par le monde du « cirque contemporain sous chapiteau » est souvent délaissée. Selon moi, il ne porte pas assez de rage, de colère, de vivant, il se conforme et s’enlise parfois dans une morale bien-pensante et manque de risque artistique et d’audace esthétique.
Le cirque est un Art, il doit bousculer, déranger, être signifiant, pour toujours remettre en question la pensée établie, réveiller le monde et être force d’émancipation ou de reconstruction.

Dans vos créations, vous interrogez la place de la femme dans la société. A-t-elle une place différente aujourd’hui et dans le cirque ?
Oui, heureusement quelques curseurs ont bougé, mais il reste encore à ce que ce soit spontané et fluide. Pour l’instant, selon moi, on sent encore trop que cela consiste en un « effort » de la part de chacun : on compte pour qu’il y ait la parité dans les festivals, on donne des temps forts « femme » dans les programmations, on installe des femmes à la direction des structures… On travaille à ce que les femmes soient plus présentes.
Cependant je sens personnellement, encore beaucoup, que mon travail de femme-artiste et directrice d’un cirque avec deux chapiteaux, qui tourne à l’international, n’est pas considéré de la même manière que si c’était un homme ou un couple qui seraient à l’initiative de ce genre d’aventure. Il reste encore du chemin à parcourir…

Vous vous définissez comme une compagnie de cirque-théâtre. Que souhaitez-vous affirmer, exprimer ou enseigner ?
Avec du cirque sous chapiteau comme langage, ma principale envie est d’abord de donner au public une émotion, qui n’est pas seulement de l’ordre de l’agréable et du divertissement. Aujourd’hui, le cœur de mon travail est traversé par les influences d’un théâtre contemporain d’exigence, que j’apprécie particulièrement. Mon acte artistique a pour ambition d’être vécu physiquement par le spectateur. Il est charnel, viscéral. Il s’inscrit dans un rite expiatoire et sacrificiel ancestral. Je cherche à rendre visible la dimension tauromachique du cirque, sa vérité crue, pour émettre un doute sur notre confiance en la réalité, éveiller une réflexion… voire, et telle est mon intention profonde, poser une résistance. J’affirme donc un travail théâtral, subversif et radical, qui résiste à une pensée consensuelle, qui vibre sans donner de réponse, qui questionne et expérimente. Ce cirque-théâtre, très particulier à Rasposo, est aussi une manière d’écrire un spectacle de cirque, où la dramaturgie théâtrale prime sur la performance circassienne.
Avec les propositions artistiques de Rasposo, nous tentons de rallumer nos lumières intellectuelles et poétiques ainsi que nos sensibilités organiques. La trilogie des Or (Owr (hébreu) : Lumière) éclaire une recherche autour de l’intime, des mouvements de l’âme, cherche à en percevoir les vibrations, en mettant en tension des sentiments et des sensations contradictoires. C’est notre ambiguïté qui m’intéresse, notre animalité primaire, nos instincts profonds, contenus et muselés : l’ivresse, l’abandon, la désinhibition, la transgression, la place de la mort. Toutes nos ambivalences intérieures.

  Johanne Humblet Les filles du renard pâle - 2021-2024

Johanne Humblet - Les filles du renard pâle © Frantisek Ortmann

Ce sont deux amies de longue date, Virginie Fremaux et Johanne Humblet qui créent la compagnie Les filles du renard pâle, en 2016. Les premiers projets sont portés par Johanne Humblet qui réalise différentes formes de Performances Funambules. Toutes les rencontres et expériences diverses sur le fil ont donné envie à Johanne Humblet d’aller plus loin dans ses recherches. Ce sont à chaque fois de nouveaux défis à relever afin de pousser les limites.
En 2018, elle est accueillie sur le Festival Furies et présente une sortie de résidence de Résiste et le Chamboultou et revient en 2019 avec sa performance l’amour sur le fil et le spectacle Résiste.

lesfillesdurenardpale.com

  Interview 2021

Johanne, vous allez être artiste associée au PALC durant 3 ans, pouvez-vous nous présenter votre compagnie « Les filles du renard pâle » ?
La Compagnie Les filles du renard pâle est née en 2016 à Châlons-en-Champagne. À ce jour, tous les projets sont axés autour du travail de funambule et de la musique en live, dans un esprit rock’n’roll et engagé, avec une approche innovante, douce, dynamique, en suspension... dans les airs. Mon travail et ma démarche artistique sont dans le dépassement de soi, chercher les limites et les repousser, le tout dans une volonté tenace de partage artistique, de rencontres et d’échanges.
À ce jour, nous avons réalisé deux volets du triptyque : Résiste / Respire / Révolte. Révolte ou tentatives de l’échec est prévu pour 2023. Nous avons également réalisé toutes sortes de performances in situ telles que : 24h sur le fil / Reste / Reste en piscine / Chamboultou / Renverse / L’amour sur le fil /… Et tant d’autres à venir !

Que représente pour vous d’être artiste associée à une structure telle que Le Palc ?
Être artiste associée au Palc rentre dans une continuité de suivi artistique que nous avons avec Furies et Le Palc depuis le début de la création de la Compagnie. La confiance que l’équipe du Palc porte à mes projets me touche et me donne de la force. Je me sens soutenue. Nous avons un dialogue qui permet d’échanger, d’avancer, de se remettre en question pour évoluer.
Cette association va me permettre de développer une recherche sur le long terme avec une structure, une ville et d’avoir un suivi avec le public, un fil rouge. L’idée est de pouvoir avoir des espaces de liberté d’expression et de création, ainsi que des temps de laboratoires.
Avec Le Palc, nous allons pouvoir investir les espaces publics, mais aussi des lieux protégés ou atypiques. C’est la force de cette structure et c’est également nos terrains de jeux avec Les filles du renard pâle, même si nous nous dirigeons aussi vers la salle avec le troisième volet du triptyque Révolte ou tentatives de l’échec.
Être artiste associée me donne aussi une responsabilité dans diverses activités artistiques du Palc au sein de la ville, mais également vers une ouverture plus large à la région du Grand-Est.
J’ai aussi envie de m’ouvrir sur des projets d’artistes émergents qui résonnent en moi pour pouvoir les conseiller, les accompagner. Nous allons, avec Le Palc, avancer ensemble durant ces trois années.

Qu’est-ce qui vous guide et vous inspire dans vos créations ?
Entre les spectacles et les performances in situ que nous réalisons, la prise de risque (calculée, bien sûr) est le moteur principal dans toutes mes créations. Le message central que je veux faire passer est que, pour moi, dans la vie, il faut prendre des risques pour avancer. Oser l’inconnu. Le travail de funambule est merveilleux pour exprimer cela car la prise de risque est visible et palpable. Les images avec le fil sont très symboliques et je les utilise comme moyen d’expression.
Les rencontres que je fais sont également essentielles pour moi. Je me nourris des expériences vécues, de l’actualité, des épreuves de la vie et des surprises aussi…Je fais tout pour rendre possible et réalisable les idées les plus folles qui restent collées dans la tête. Si une idée persiste, c’est qu’il faut mettre les moyens en œuvre pour la réaliser.
Je ne m’impose aucune limite. Au contraire. Je veux briser les barrières, tenter, explorer, échanger, partager…
J’aime innover, tester, faire des crashs tests pour arriver au bout des idées. Pour cela, je m’entoure d’une équipe solide et expérimentée.

La scène et le fil sont des espaces de liberté. Aujourd’hui, plus que jamais, je veux profiter de ces espaces pour porter le corps et la voix. Ils sont, pour moi, d’une nécessité viscérale comme une urgence de vivre, de se sentir vivre.
J’ai un besoin de faire porter ma voix, de crier mon corps, d’hurler mes larmes et de tendre vers l’amour.
On a besoin d’action face à l’absurdité du monde !

Le funambule fascine, rassemble, questionne, laisse des traces de son passage. Quand nous réalisons une grande traversée, cela est bien souvent très médiatisé et ça attire les foules. J’ai conscience de la responsabilité que j’ai par rapport au public et de l’impact que je peux avoir sur lui. Mon travail et mes recherches vont dans ce sens, emmener le public avec moi vers un endroit qui lui est inconnu, pour le surprendre, le questionner...
Je laisse des messages derrière chaque pas que je fais, prouvant que nous pouvons réaliser nos rêves. Il ne faut juste pas s’arrêter à la première crainte pour risquer l’inconnu, aller toujours plus loin.
Sur le fil, comme dans la vie...

Quel regard portez-vous sur le cirque aujourd’hui ?
Le cirque est un art populaire, accessible à un large public.
La prouesse technique et le vocabulaire corporel circassien, peuvent permettre de faire passer à un public varié des messages sensibles, forts et ainsi utiliser la technicité pour questionner, dénoncer et exprimer des émotions.
Aujourd’hui, je rêve d’un cirque égalitaire, équitable, créatif, performant, rêveur, revendicatif, curieux, innovant…

  Interview 2023

Comment allez-vous ? Parlez-nous de votre actualité ?

C’est une grande année de création pour Les filles du renard pâle !
En octobre nous sortons le troisième volet du triptyque : Révolte ou tentatives de l’échec.
Nous avons hâte de présenter cette nouvelle création au public ! Un défi pour nous car ce spectacle est conçu uniquement pour la salle avec 5 artistes au plateau (3 circassiennes et 2 musiciennes).
En parallèle nous créons également une BD avec 3 illustratrices qui vont retracer dans leur univers graphique et imaginaire la création de Révolte ou tentatives de l’échec.
En 2024, nous allons également sortir une petite forme, la Roue Giratoire (une des nouveautés de Révolte).
Johanne est dans la transmission, Résiste va continuer sa vie de tournée avec une nouvelle équipe.
Respire, les traversées funambules à grandes hauteurs, vont avoir de nouvelles surprises. Nous sommes en train de travailler notre écriture pour apporter encore plus de folies aériennes. Johanne ne sera plus seule là-haut…
L’équipe des Filles du renard pâle s’est agrandie !

  Interview 2024

Comment allez-vous ? Parlez-nous de votre actualité ?

Les filles du renard pâle sont heureuses, la dernière création de la compagnie Révolte ou tentatives de l’échec rencontre un bel accueil du public. La BD de Révolte est demandée, 600 exemplaires ont déjà été imprimés et la musique du spectacle est disponible sur notre site internet.
Cette année, nous réalisons un partenariat avec l’Institut français du Cameroun et l’Ambassade de France pour réaliser plusieurs projets Franco-Camerounais : formation de formateurs, projet musical, Respire, création d’une BD.
Résiste, Respire, Révolte, Renverse sont sur la route.
En avril, rendez-vous à Châlons-en-Champagne !
Et d’autres créations en préparation à venir : Roue Giratoire, Hors Ligne.
Avec énergie, force et amour.

  Dates de tournées

RÉVOLTE ou Tentatives de l’échec
Du 28 au 31 août : Zürcher Theater Spektakel , Zurich (CH)
Les 26 et 27 septembre : Château Rouge Scène Conventionnée, Annemasse (74)
Les 3 et 4 octobre : Le Volcan Scène Nationale, Le Havre (76)
Les 8 et 9 octobre : La Coursive Scène Nationale, La Rochelle (17)
Du 18 au 20 octobre : Festival Circa, Auch (32)
Les 13 et 14 novembre : Théâtre de Nîmes, Nîmes (30)
avec La Verrerie d’Alès - Pôle National Cirque, Festival Temps de Cirques
Le 17 novembre : L’Estive Scène Nationale, Foix (09)
Les 22 et 23 novembre : La Ferme du Buisson Scène Nationale, Noisiel (77)
Du 28 au 30 novembre : Théâtre-Sénart Scène Nationale, Sénart (77)
Les 4 et 5 décembre : Le Grand R Scène nationale, La Roche-sur- Yon (85)
Du 11 au 13 décembre : Maison de la Culture, Amiens (80)
Les 18 et 19 décembre : Espaces Pluriels Scène conventionnée, Pau (64)

  Sophia Perez Compagnie Cabas - 2021-2024

Sophia Perez- Cie Cabas © Maider Elissalde

Créée en 2005 et portée par Sophia Perez, la Compagnie Cabas consacre une grande part de temps et d’énergie à différents projets d’action culturelle où elle peut tester, expérimenter, accompagner le public vers la création artistique. Sophia Perez défend un travail de mise en scène poreux au monde qui l’entoure. Avec Parfois ils crient contre le vent accueilli en 2019, elle tisse un lien entre le Maroc et la France. Avec DESIDERATA, elle questionne le genre et donne la parole à de jeunes (hommes) artistes issus du CNAC.

ciecabas.com

  Interview 2021

Sophia, vous allez être artiste associée au Palc durant 3 ans, pouvez-vous nous présenter votre compagnie « Cabas » ?

La Compagnie Cabas a été créée en 2005 et est implantée en Seine-Saint-Denis, à Montreuil.
Depuis de nombreuses années, la compagnie se compose d’un binôme que je forme avec Maude Tornare, administratrice engagée dans les valeurs esthétiques et politiques de la compagnie et d’un ensemble d’artistes et techniciens qui s’investissent au fil des projets et quelques compagnons choisis qu’elle entoure avec ses moyens. La compagnie entre également aujourd’hui dans une dynamique plus collective enthousiasmante.
La compagnie Cabas crée des spectacles de cirque, mêlés à la danse et au récit. Elle consacre également beaucoup de temps et d’énergie à différents projets d’action culturelle qui lui sont chers. Ces moments de rencontre nourrissent mon travail, je parle d’une inspiration poreuse au monde.
La compagnie Cabas crée ainsi avec des professionnels ou des amateurs des œuvres engageant des corps en mouvement et des textes, le plus souvent autour de questions d’identité culturelle ou genrée, traitées par le prisme du sensible.
Les dernières créations sont Parfois ils crient contre le vent et DESIDERATA et la prochaine création Juste une femme.

Que représente pour vous le fait d’être artiste associée à une structure telle que le Palc ?
Être associée à une structure telle que Le Palc ou 2R2C, avec qui nous serons également en lien cette année au moins, nous permet des espaces d’expérimentation, de tentatives que nous aurions bien plus de mal à fabriquer sans cela. C’est un privilège dont nous prenons la mesure tant il est difficile aujourd’hui de trouver du soutien pour envisager des formes atypiques.
Nous avons eu la chance d’avoir plusieurs structures fidèles et partenaires de la compagnie depuis le début et ces associations futures permettent d’ouvrir une nouvelle fenêtre à nos utopies.
Ce sera aussi pour nous de jolies manières de se frotter à un territoire de façon plus pérenne que ce que nous avons pu faire jusque-là et c’est très riche pour nous, surtout en lien rapproché avec ses acteurs.

Qu’est-ce qui vous guide et vous inspire dans vos créations ?
Libérer la parole, créer des résonances universelles, créer de l’émotion et provoquer du pouvoir d’agir. Voilà ce qui guide le travail de la compagnie dans toutes ses actions.
Créer des ponts entre les humains, quels que soient leur culture, leur genre ou toute autre case qui peut être pré déterminante dans notre acceptation de l’autre.
Il est donc question de se saisir d’enjeux de société qui nous touchent pour apporter à ces questions notre témoignage sensible, habité et tendu vers la lumière, l’espérance, la mise en action.
La démarche artistique de la compagnie est de créer des œuvres voyageant du particulier à l’universel. Son choix esthétique et politique réside en la mise en scène et en mouvement d’artistes qui, par le courage de leur vérité, offrent un témoignage incarné, point de départ à la réflexion, à la dénonciation de frontières, barrières tangibles ou invisibles au vivre ensemble. Le mélange de différents moyens d’expression : cirque, danse et texte (souvent en plusieurs langues), permet aux artistes d’entrer dans un processus sensible, comme un point de départ intime au traitement de sujets politiques que nous abordons avec toute la complexité de nos humanités.
La compagnie Cabas s’engage à sublimer l’humain, tout d’abord ceux qui sont sur le plateau, pour faire ainsi résonner les autres humanités, redonner du sens et de la valeur à ce qui nous rassemble. Nous faisons ainsi le choix d’œuvres populaires, dans un souci d’être incluant, accessibles à tous pour être tout à fait pertinents dans notre démarche. Nous faisons aussi le choix d’imbriquer création, diffusion et action culturelle pour rester connectés au monde et porter ainsi la parole des autres, de ceux qui l’ont moins.

Quel regard portez-vous sur le cirque aujourd’hui ?
Les arts du cirque sont un outil merveilleux pour sublimer nos recherches, car les corps permettent un langage universel et un engagement authentique.
Les notions de confiance, de dépassement de soi et de prise de risque partagée ajoutent beaucoup de sens à nos propos. Ce sont des arts multiples, issus d’une dimension populaire qui sont ainsi à mon avis, un formidable levier d’œuvres fédératrices et nécessaires pour témoigner de notre monde, notre époque.
Étant issue du cirque et ayant commencé à 12 ans, j’ai également la chance de pouvoir observer à quel point ces arts s’inventent, se diversifient, se subliment devant nos yeux. Ici comme ailleurs.
Pour finir, le monde du cirque aujourd’hui prend la parole, dénonce et permet des avancées nécessaires dans nos têtes, nos cœurs et nos ventres et une nouvelle vigilance à toute domination.
Bref, je porte sur le cirque aujourd’hui un regard enthousiaste, admiratif et tourné vers le futur, la lumière.

  Interview 2023

Comment allez-vous ? Parlez-nous de votre actualité ?

Notre Cabas va très bien, rempli de la saison dernière !
D’abord de belles tournées pour nos 3 spectacles, des projets de territoire comme on les aime, un voyage en Argentine à la rencontre du théâtre communautaire, des formations, des rencontres prometteuses, une mini création autour du sport, et deux embauches enthousiasmantes au noyau de la compagnie qui attendait ça avec impatience !
La suite s’annonce aussi belle avec la création de la 35e promotion du CNAC !
Nous continuerons aussi à tourner Juste une femme et Parfois ils crient contre le vent. Nous aurons la joie de mener deux Douars et de partir en tournée au Togo et au Maroc !
Ce sera aussi pour Sophia le lancement du premier labo de recherche d’une nouvelle création Cabas.

  Interview 2024

Comment allez-vous ? Parlez-nous de votre actualité ?

La compagnie Cabas attaque joyeusement 2024 !
Après la création de Parce qu’on a toustes besoin d’un peu d’espoir au CNAC, de belles dates à Châlons et la Villette, Cabas part en tournée au Togo avec un DOUAR et Parfois ils crient contre le vent !
D’autres beaux DOUARS se préparent à Vitry-le-François, Amiens, Marseille et Bègles.
Juste une femme et Carton rouge reprennent les tournées dès ce printemps avec des projets d’ateliers enthousiasmants.
La prochaine création Cabas s’organise aussi, avec les premiers labos fin 2024 et des premières prévues fin 2026 !
Et comme on ne s’ennuie jamais, d’autres commandes se préparent aussi : créations éphémères, conférences, formations et projets de territoires.
Bref notre Cabas va bien, avec des équipes lumineuses au travail !

COMPAGNONNAGE

Le Palc se lie à une compagnie de cirque installée en région Grand-Est et particulièrement à Châlons-en-Champagne : la compagnie Kiaï, grande spécialiste du trampoline rond support acrobatique et chorégraphique.
L’intention de cette alliance réside principalement dans le désir commun de développer une présence artistique approfondie auprès des habitant.e.s Nous allons proposer plusieurs opérations en commun et ainsi alimenter l’idée de « projet de territoire » indispensable pour notre aventure de « pôle national cirque ».
Une opération est déjà en cours dans le cadre d’« olympiade culturelle » à l’Abbaye de Clairvaux depuis maintenant presque un an, elle met en œuvre des ateliers dédiés aux amateur. rice. des environs. D’autres projets sont en route, à découvrir au cours des deux années à venir.

  Cyrille Musy Compagnie Kiaï

Cyrille Musy - Compagnie Kiaï - Pulse © Compagnie Kiaï

La compagnie Kiaï est née en 2013 de la rencontre entre Cyrille Musy, directeur artistique, et Camille Talva, directrice de production. Elle centre son exploration artistique autour du trampoline rond, transformant cet élément en un agrès de cirque réinventé à chaque nouvelle création. Tantôt support d’acrobaties, de projections vidéo, tantôt instrument de musique ou œuvre plastique, le trampoline devient un module scénographique aux multiples facettes. Grâce à l’élan unique qu’il procure, la compagnie façonne un langage gestuel inédit, fusionnant la danse, l’acrobatie et la voltige en une discipline qu’elle appelle "danse rebond".
La compagnie Kiaï défend un cirque de création à la fois exigeant et populaire, prônant l’ouverture et le décloisonnement culturel et social. Elle a créé quatre spectacles pour la salle et deux pour l’espace public, pour plus de 400 représentations en France et à l’international.

kiai.fr

  Interview 2024

Comment allez-vous ? Parlez-vous de votre actualité ?
En ce moment, nous préparons la tournée de PULSE qui fera une quarantaine de représentations cet été. Un week-end par mois, la compagnie est à Bar-sur-Aube pour travailler avec 35 amateurs sur le projet "Liberté Clairvaux" ; une œuvre collective créée spécialement pour les olympiades culturelles.

Nous travaillons également sur la prochaine création LOOPS, un spectacle où je suis seul en scène avec une recherche approfondie autour du mapping vidéo. Nous serons en création au théâtre Rive Gauche en octobre prochain avant la sortie du spectacle fin novembre.
Nous travaillons également sur les différents chantiers à venir autour de notre compagnonnage avec Le Palc.

Qu’est-ce qui vous guide et vous inspire dans vos créations ?

Depuis toujours, je me laisse guider par mon amour profond pour le cirque et le plaisir que j’éprouve à le partager. D’un naturel réservé et introverti, l’art est devenu mon langage, celui qui me permet de tisser des liens. Sensible à la poésie des gestes bien plus qu’à celle des mots, je trouve dans le travail physique une forme d’expression qui me correspond. Mon processus créatif s’inspire de tout ce qui m’affecte, qu’il provienne de mes expériences personnelles, de mes interactions avec les autres, ou des transformations du monde qui nous entoure. J’ai en moi ce désir de connexions : entre la danse, l’acrobatie, la musique et la vidéo ; entre les artistes confirmés et les amateurs, entre les spectateurs des scènes nationales et ceux n’ayant jamais franchi le seuil d’un théâtre. J’aspire à créer des liens, bâtir des ponts avec l’ambition d’apporter à mon échelle un peu de douceur et d’harmonie.

Pouvez-vous nous parler de votre approche du cirque avec les autres arts dans votre travail ?

Ma formation artistique a débuté en 1994 avec une spécialisation en trampoline. Parallèlement, j’ai développé une passion pour la danse contemporaine, le hip-hop et je me suis intéressé aux différentes formes d’écriture chorégraphique. En 1996, un tournant s’est produit lorsque j’ai assisté au spectacle Le Cri du Caméléon du chorégraphe Joseph Nadj. Émerveillé par la façon dont les artistes de cirque réinventaient leurs disciplines en s’appropriant les codes de la danse, j’ai décidé de consacrer ma recherche artistique aux liens entre ces deux formes d’expression. Très rapidement, j’ai aussi exploré l’interaction entre musique live et mouvement chorégraphique. En 2021, avec la création du spectacle CROOS, j’ai commencé à travailler sur le mapping vidéo, un magnifique outil créatif qui offre la possibilité de transformer les décors, les structures et les surfaces en toiles dynamiques. Actuellement, je poursuis cette recherche avec la création de LOOPS.

Quel regard portez-vous sur le cirque aujourd’hui ?

J’ai commencé le cirque en 1989, et nous sommes maintenant en 2024. J’ai donc été à la fois témoin et acteur de l’évolution de cet art, qui occupe aujourd’hui une place importante dans le paysage culturel français. L’année 2001, baptisée Année des arts du cirque, a marqué un tournant décisif. Entre 2002 et 2005, le soutien de l’État au secteur a connu une augmentation spectaculaire : +331 % pour les compagnies et +104 % pour les pôles cirques. Des aides spécifiques ont été mises en place, telles que les résidences, l’itinérance et les aides à la création, offrant ainsi un souffle nouveau à la création artistique. Cependant, il n’a pas fallu cinq ans pour que la précarisation du secteur refasse surface et s’intensifie. Les causes sont nombreuses : moyens de production insuffisants, explosion du nombre d’artistes, covid, crise énergétique… Au cours des 20 dernières années, j’observe donc avec tristesse et inquiétude la longue et lente dégradation de mon métier.